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« Pas touche aux éléphants », Vincent Gerards prône un sanctuaire éthique.

  • Photo du rédacteur: Eva Kruyver
    Eva Kruyver
  • 1 févr. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 févr. 2020


« Hands-off ». Tel est le nouveau concept du sanctuaire d’éléphants de Phuket (Phuket Elephant Sanctuary) lancé il y a 2 semaines. La pratique est simple : ne plus interagir avec l’éléphant et respecter sa liberté. Parmi les créateurs de cette nouvelle « philosophie », Vincent Gerards.



Entouré de collègues thaïlandais, un café à la main et sa montre jamais très loin, Vincent Gerards c’est ce belge qui a choisi de mener sa vie de l’autre coté du globe, à Phuket. Son crâne est rasé à la perfection et son t-shirt « Phuket elephant sanctuary » n’a pas une seule froissure. Son lieu de travail, loin des buildings et des métros, n’est autre que le sanctuaire d’éléphant de Phuket-nord.

Spécialisé dans la vente et le marketing, Vincent Gerards a développé une passion pour ces bestioles majestueuses : les éléphants. Le sanctuaire où il travaille en tant que commercial porte une étiquette éthique : le concept du « hands-off ». Il s’agit du premier sanctuaire de l’île à promouvoir ce système. Lancé il y a deux semaines, il consiste à respecter l’animal à 100 %, en évitant tout contact avec celui-ci.

Au programme, observation des animaux depuis la jungle, aide à la préparation de leur repas, documentaire sensibilisant et rencontre de Kannika et Madee, les deux premiers éléphants du sanctuaire.

Vincent n’a pas toujours été passionné par ces pachydermes. Son ancien dada : les nombres, les chiffres et le marketing.


Cette nouvelle passion, il l’a découverte lors de son arrivée sur l’île, suite à la rencontre de sa femme thaïlandaise. « Par amour pour ma femme j’ai décidé de rester sur cette île paradisiaque. Ensuite, je suis tombé raide dingue de ces animaux si affectifs. Alors pourquoi repartir ? » se questionne t-il. Aujourd’hui Vincent vit avec sa femme et sa petite fille sur l’île et vient au travail tous les matins à bord d’un gros 4x4.

Selon lui, « un sanctuaire est comme l’indique son nom, un endroit sûr et sécurisé, un havre de paix. Idéalement, un lieu permanent. »

Pour le belge, « permanent » est un mot important. La facette éthique du sanctuaire est accentué par une autre particularité. Le Phuket elephant sanctuary achète la totalité de ses éléphants. « Nous sauvons les elephants maltraités. Nous les sauvons des camps de trekking, des propriétaires mal intentionnés, des spectacles et du travail forestier. » explique t-il. Louer un éléphant signifie que le risque que son propriétaire le reprenne et que l’animal revienne à son ancienne vie, n’est jamais nul.


Il poursuit : « louer ou acheter un éléphant est une grande différence financière mais aussi morale. On peut louer un animal de 20 000 à 30 000 de bahts par mois (soit entre 588 et 883€), incluant le cornac (dresseur d’elephant, NDLR). Si vous achetez l'éléphant, vous avez un coût initial de 1 ou 1,5 million de bahts (29 000€ ou 44 000 €) et vous devez également employer un cornac à côté. Nous voulons leur donner une seconde vie, pas qu’ils revivent la torture dans leur ancien habitat. »


Une lutte contre la maltraitance animale difficile mais progressive


Le sourire de Vincent disparait lorsque le mot « phajaan » est évoqué. Cette technique ancestrale vise à « séparer l’esprit du corps de l’animal » en le torturant durant des jours jusqu’à ce qu’il devienne complètement dépendant de l’homme et lui obéisse, à vie. Particulièrement touché par la maltraitante animale, il explique : « je pense que cette pratique n'est plus aussi courante parce que la plupart des éléphants sont nés en captivité. Néanmoins, lorsqu’ils naissent, ils ont toujours besoin d'être entraînés et ils seront maltraités pour pouvoir travailler dans les camps de trekking afin que les touristes puissent monter sur leur dos. »

Dans sa lutte contre la maltraitance, Vincent est optimiste : « même si nous avons encore un long chemin à parcourir, ces dernières années, la Thaïlande a perçu du changement conséquent. En 2016, il n'y avait pas du tout de sanctuaires et aujourd’hui il y en a au moins 20. Le « riding » et trekking a vu son activité diminuer de 14% en 2019. »

Les sanctuaires et en particulier le Phuket Elephant Sanctuary ne sont pas les plus abordables. Une demie journée revient à 88€ par personne. « Malheureusement, il est très coûteux de construire un si grand sanctuaire. On compte environ 1 hectare par elephant, ce qui est différent d'un camp où il suffit d'un petit circuit pour la balade (trekking). Un bon régime alimentaire revient à 15 000 à 20 000 bahts (441€ à 589€) par mois par éléphant. Nous avons également un assistant vétérinaire à plein temps pour s'occuper d'eux et une équipe de 17 employés. Nous sommes obligé de faire payer une telle somme aux visiteurs pour espérer prendre soin de nos éléphants. » justifie Vincent Gerards.

Ouvert en 2016, le Phuket Elephant Sanctuary fut le tout premier créé sur l’île. Il détient donc une grande visibilité, à l’internationale. Vincent raconte fièrement : « Il y a quelques semaines, nous avons reçu John Legend, Kevin Hart, Coldplay ou encore Leonardo Dicaprio. C’était à la fois perturbant et très impressionnant.»

Etonnement et malgré le succès, le gouvernement thaïlandais ne soutient pas les sanctuaires financièrement. Cette bataille, les amoureux des animaux tels que Vincent, ils la mènent seul.



 
 
 

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©2020 par Eva Kruyver. 

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